Avec le collectif Jean Marcel Moulin
Exigeons "un vrai débat citoyen, public et transparent, avec tous les éléments d'information qui sont nécessaires, afin de savoir si, oui ou non, et à quelles fins, il est légitime de privatiser, de mettre en bourse, de vendre à des tiers, l'entreprise publique EDF qui a pour mission d'assurer durablement, et à un prix compétitif, la fourniture d'un bien essentiel à la vie sociale et à la compétitivité de notre pays."
"Ce document a été rédigé et travaillé par des cadres dirigeants d'EDF qui ne peuvent sortir de l'anonymat et qui signent sous le nom collectif de Jean Marcel MOULIN "
EDF une privatisation annoncée
qui masque une spoliation à venir de la collectivité nationale
qui masque une spoliation à venir de la collectivité nationale
Jean Marcel MOULIN
Ce processus venait sanctionner des décennies de crises et de faillite des "trusts électriques", épithète utilisé quasi unanimement avant-guerre pour désigner l'oligopole français des grands électriciens. Concentrations, coûts élevés, abus de positions dominantes en matière de tarifs aux usagers ainsi qu'à une partie de l'industrie (notamment les PMI) ou aux collectivités locales distributrices, sous-équipement en moyens de production et de transport, incapacité à mener un programme hydro-électrique ambitieux et restrictions de l'offre en tous domaines, tel était l'état du secteur avant-guerre.
En 1946, le choix a été fait explicitement de la nationalisation de l'électricité en écartant l'étatisation. C'était un choix lourd de conséquences à bien des égards, qui s'est traduit notamment par le tripartisme du Conseil d'Administration (représentants de l'Etat, des usagers, du personnel) et, plus tard, par un cadre de régulation pluriannuel (les contrats Etat-EDF) fixant les engagements de performances au service de l'intérêt général et des usagers. Les collectivités locales, représentantes également des usagers-citoyens, avaient été, avec le personnel, à l'origine de la revendication de nationalisation: autorités concédantes de la distribution de l'électricité: elles ont joué un rôle important pour EDF depuis 1946.
Ainsi, dans l'affirmation "EDF appartient à la Nation" se sont trouvés directement concernés non seulement l'Etat, mais également les collectivités locales, les usagers et le personnel. Ce sentiment a été renforcé par le fait que, depuis des décennies, l'Etat n'a plus apporté de contribution financière à l'entreprise en capital, comme il aurait pu le faire en bon propriétaire. Les investissements, parfois très lourds comme le programme nucléaire et celui de réseau grand transport, ont été financés par l'autofinancement et les obligations (emprunts EDF), dont les charges ont toujours été supportées par les tarifs payés par les usagers. Dés lors s'est constamment trouvé confirmée, et renforcée, l'idée qu'EDF, en particulier, ses actifs, tels que les centrales de production ou le réseau de transport, n'appartiennent pas à l'Etat mais aux usagers-citoyens, ce qui contribue ainsi à garantir la qualité et l'efficacité du service public de l'électricité au service de ces usagers. Dans ce domaine, il est possible d'avancer, sans excès, qu'EDF n'a pas démérité depuis 1946 et que, malgré des points noirs qui doivent être corrigés, sa réputation de réussite en matière de service public, de réussite sociale et industrielle, n'est pas usurpée. Car c'est un fait qu'EDF a assuré, avec un succès certain, sa mission de développement d'un service public de l'électricité de qualité et de proximité, offrant des tarifs parmi les plus compétitifs en Europe, et réduisant la dépendance énergétique d'un des pays, la France, les plus démunis en ressources énergétiques.
C'est avec cette histoire passée, que les français entendent dire aujourd'hui que la privatisation d'EDF est décidée par le gouvernement actuel. Pour quelle raison? Les arguments présentés varient mais ils n'enlèvent jamais la conviction qui est fondée sur ce constat: nous, citoyens-usagers, nous sommes propriétaires d'EDF et nous avons payé ses actifs, les moyens de cette entreprise, en payant nos factures d'électricité, de quel droit, au nom de quoi, au profit de qui, va-t-on nous spolier de ces biens en les vendant en bourse par cette privatisation? ...
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