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j-jour Le réveil a enfin sonné

j-jour Le réveil a enfin sonné

Si nous ne nous occupons pas de ce qui nous regarde, qui le fera? Et qui le fera bien?


Economisme ambiant : nous sommes toujours coincés par l'ancienne vision

Publié par j-jour sur 12 Avril 2007, 09:42am

Catégories : #L'inconnu

 

La confusion qui règne, ce sentiment que rien de nouveau sous le soleil n'est clairement exprimé, avec celui que la réalité n'est pas celle que l'on présente comme telle, que les changements vers lesquels certains voudraient nous amener avec virulence ont des relents de retour en arrière vers un sombre passé, cela est peut-être en passe de se dissiper, une nouvelle vision encore en germe, de l'être humain et de la société se lève, alors que l'ancienne reste très pregnante, tellement installée dans le paysage mental qu'elle mettra sans doute longtemps à disparaître.

C'est ce qu'explique François Flahaut dans son livre "Le Paradoxe de Robinson Capitalisme et société" qui me paraît détenir des clés fort précieuses pour comprendre le moment de confusion indicible que ce que nous sommes en train de vivre.

Voici ce qu'en dit entre autres Jean Zin sur son site :

 "Ce petit livre est absolument formidable dans sa façon de retourner les évidences sur lesquelles se fonde l'individualisme et dont il montre que les bases remontent au moins aux Grecs, à la République de Platon platement utilitaire et artificielle, assemblage d'individus existant en soi, comme en dehors de la société ! Hobbes partira des mêmes présupposés devant une guerre des religions qui défait le tissu social. De même Locke dans une Amérique immense et encore sauvage. La conception asiatique s'oppose depuis l'origine à cet individualisme occidental."

François Flahaut dans son introduction à son livre dont je cite quelques extraits* se veut porteur d'une bonne et d'une mauvaise nouvelle, la bonne c'est qu'une "révolution scientifique est en cours qui modifiera profondément notre vision de l'homme et de la société, et apportera à la politique la philosophie sociale qui lui fait défaut. Celle-ci permettra à la pensée politique de dépasser l'économisme qui, actuellement, tend à lui boucher l'horizon.

 La mauvaise, c'est que cette vision n'est pas près de s'imposer. Depuis longtemps une même conception de l'être humain et de la société s'est ancrée dans les esprits, un fonds d'idées reçues qui ont fini par passer pour des évidences. Au point que, dans le champ de la réflexion politique, les débats semblent incapables de remonter jusqu'à des présupposés fondamentaux , impuissants à remettre en question ces "évidences partagées.":

(...)

"Nous nous trouvons aujourd'hui, tout le monde le sait, dans une situation de vide de la pensée progressiste. Une situation dans laquelle les politiques justifient leurs décisions au nom de l'économie, source de tout bien et réalité dernière (à la volonté de Dieu se sont substituées les exigences du marché). Une situation dans laquelle les mouvements qui contestent la soumission de la politique à l'économie ne disposent pas encore d'une philosophie alternative. Une situation dans laquelle les partis dits "socialistes" sont incapables de penser et de dire ce qu'est au juste une société.
 C'est que nous sommes actuellement dans une période de transition entre deux conceptions de l'être humain et de la société: l'une qui, bien qu'obsolète, est dominante (un peu comme le géocentrisme au début du XVIIème siècle); l'autre qui, lentement et silencieusement, est en train de se constituer et n'a pas encore de visibilité (tel l'héliocentrisme à la même époque).
 L'ancienne conception, étroitement liée au grand mouvement d'émancipation de l'individu qui traverse la philosophie antique, le christianisme puis la pensée des Lumières, voit dans la société une organisation utilitaire dont, par conséquent, l'économie constitue la base. Cette idée, qui passe aujourd'hui pour évidente, fut soutenue par le marxisme et l'est encore par la science économique orthodoxe.
 La nouvelle vision, encore en germe, se traduira par une conception de l'être humain et de la société très différente.
Nous verrons au cours des pages qui suivent que la vie en société précède l'émergence des individus, que l'économie n'est donc pas la seule base de la société, que l'être même des individus n'est pas extérieur à la vie en société, mais qu'il se constitue dans et par celle-ci, de sorte que leur interdépendance est beaucoup plus profonde que la notion de contrat ne nous le fait croire. Nous verrons que les biens marchands ne constituent qu'une partie des biens et des liens qui soutiennent l'existence des individus, et qu'il est donc faux de dire que, "quand l'économie va, tout va". L'idée que la croissance économique constitue une fin en soi implique que la société est un moyen. Mais, s'il apparaît, comme nous le verrons, que la vie sociale et la culture constituent également une fin en soi, la place de l'économie dans la société se conçoit autrement. Et autrement aussi la politique.
 Cette révolution entraînera d'ailleurs aussi des remaniements considérables dans la philosophie, les science cognitives et la morale. Dans la philosophie parce que les nouvelles connaissances sont difficilement compatibles avec la conception du sujet à laquelle la philosophie demeure attachée. Dans les sciences cognitives, parce qu'il faudra tenir compte du fait que le cerveau ne fonctionne pas par lui-même comme la foie ou les muscles, mais en réseau avec d'autres cerveaux. Dans la morale, parce qu'il faudra repenser l'autonomie en tenant compte d'une interdépendance dont les effets échappent à la volonté.
 En somme, depuis la Renaissance, la volonté d'émancipation et de progrès a fait fond sur une vision prométhéenne de l'être humain. Il s'agit désormais, tout en gardant cette volonté, d'entrer dans une ère post-prométhéenne. "

*(les caractères en gras sont un ajout de ma part. j-jour )

 

 

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