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j-jour Le réveil a enfin sonné

j-jour Le réveil a enfin sonné

Si nous ne nous occupons pas de ce qui nous regarde, qui le fera? Et qui le fera bien?


Passage très périlleux

Publié par j-jour sur 15 Mai 2007, 22:43pm

Catégories : #Vigilance démocratique

Grâce à un aimable forumeur du forum des électrons libres, qui a eu le bon goût d'aller retrouver dans sa cave ce texte non contemporain et pourtant toujours, et maintenant plus que jamais, d'actualité:

"Il y a un passage très périlleux dans la vie des peuples démocratiques.


Lorsque le goût des jouissances matérielles se développe chez un de
ces peuples plus rapidement que les lumières et que les habitudes de la liberté,
il vient un moment où les hommes sont emportés et comme hors d’eux-mêmes, à la
vue de ces biens nouveaux qu’ils sont prêts à saisir. Préoccupés du seul soin de
faire fortune, ils n’aperçoivent plus le lien étroit qui unit la fortune
particulière de chacun d’eux à la prospérité de tous. Il n’est pas besoin
d’arracher à de tels citoyens les droits qu’ils possèdent ; ils les laissent
volontiers échapper eux-mêmes(…)

Si, à ce moment critique, un ambitieux habile vient à s’emparer du pouvoir, il trouve que la voie à toutes les usurpations est ouverte. Qu’il veille quelque temps à ce que tous les intérêts matériels prospèrent, on le tiendra aisément quitte du reste. Qu’il garantisse surtout le bon ordre. Les hommes qui ont la passion des jouissances matérielles découvrent d’ordinaire comment les agitations de la liberté troublent le
bien-être, avant que d’apercevoir comment la liberté sert à se le procurer ; et,
au moindre bruit des passions politiques qui pénètrent au milieu des petites
jouissances de leur vie privée, ils s’éveillent et s’inquiètent ; pendant
longtemps la peur de l’anarchie les tient sans cesse en suspens et toujours
prêts à se jeter hors de la liberté au premier désordre.

Je conviendrai sans peine que la paix publique est un grand bien ; mais je ne veux
pas oublier cependant que c’est à travers le bon ordre que tous les peuples sont
arrivés à la tyrannie. Il ne s’ensuit pas assurément que les peuples doivent
mépriser la paix publique ; mais il ne faut pas qu’elle leur suffise. Une nation
qui ne demande à son gouvernement que le maintien de l’ordre est déjà esclave au
fond du cœur ; elle est esclave de son bien-être, et l’homme qui doit
l’enchaîner peut paraître. (…)

Il n’est pas rare de voir alors sur la vaste scène du monde, ainsi que sur nos théâtres, une multitude représentée par quelques hommes. Ceux-ci parlent seuls au nom d’une foule absente ou inattentive
; seuls ils agissent au milieu de l’immobilité universelle ; ils disposent,
suivant leur caprice, de toutes choses, ils changent les lois et tyrannisent à
leur gré les mœurs ; et l’on s’étonne en voyant le petit nombre de faibles et
d’indignes mains dans lesquelles peut tomber un grand peuple…

Le naturel du pouvoir absolu, dans les siècles démocratiques, n’est ni cruel ni
sauvage, mais il est minutieux et tracassier. »

Alexis de Tocqueville


Extrait de De la Démocratie en Amérique, Livre II, 1840 (10/18, 1963).

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E
J'avais oublier ...<br /> http://revue.ressources.org/article.php3?id_article=792<br /> <br /> Avec 2 liens en bas de page sur la desobeissance civil<br /> <br /> Creativement votre<br /> EL Sinsé<br />
Répondre
E
;)<br /> EL Sinsé
Répondre

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